Marguerite ne mâche pas du chewing-gum, elle masse les méduses avec les dents
En musique: Helmut Fritz - Miss France
Si Marguerite a un potentiel, c'est celui de devenir un personnage récurrent de ce blog. Et pourtant, si cela devient le cas, ma raison risque de ne pas tenir le coup.
Je vous le dis comme je le pense: tôt ou tard, ce sera elle ou moi.
Son nom m'a été soufflé par une collègue qui un jour, en mordant avec rage dans un sandwich après une réunion, me sort:
"Bon, on en fait quoi de notre Marguerite?".
Inutile de préciser que j'avais compris, il y avait à cet instant une forme d'évidence qui rend tout malentendu impossible. Et voilà comment en deux mots naît une légende, comment une célébrité s'acquiert. Même pas jalouse.
Le seul inconvénient, c'est que Marguerite ne peut même pas servir de nom de code, car toute personne ayant cotoyé ladite fille saura instantanément de qui on parle. D'ailleurs l'autre jour, je discute avec une autre collègue et finis par lui dire "tiens, il faut que je passe voir Marguerite". Trop tard, c'était lâché. Prête à rectifier mon tir, ne voilà pas ma collègue qui se marre et qui me répond: "Pas cool d'avoir rebaptisé XXX" (ouais bon elle a en vrai un nom tellement improbable que si elle s'amuse à le taper sur Internet, ce qu'elle est tout à fait capable de faire pendant les heures de travail, elle va atterrir sur mon blog, et vu ses relations, j'aimerais éviter de rentrer en conflit avec la Mafia).
Bref.
Quoi dire. Marguerite, c'est une fille de l'Est. Qui ressemble à tout sauf à une fille de l'Est. Tu imagines une blonde, mince, yeux bleus, le genre de fille qui énerve, un peu à la Adriana. Non, Marguerite, c'est une petite brune boulotte qui cache ses yeux derrière une frange épaisse. Le style massif qui se déplace à un rythme synchronisé sur celui du paresseux. Le style qui tape sur les nerfs au bout de vingt secondes (ma capacité de résistance à tout en général).
Si encore Marguerite était lente mais intelligente, je pourrais me convaincre que l'on gagne du temps. Mais Marguerite a l'affreux défaut d'être née avec un tic de mastication perpétuelle. Elle mâche à longueur de journée et c'est à croire que cet effort sportif mobilise l'intégralité de ses neurones. Quoi que tu fasses, ton regard est aspiré par ce jeu de mâchoire ininterrompu qui t'hypnotise d'autant plus que les yeux de Marguerite t'observent, mi-clos, avec une absence totale d'expression. Quoi que tu dises et quoi qu'elle pense, Marguerite arbore le même air dénué de vie, aussi impassible qu'une barrière de passage ferroviaire. A un tel point que si elle n'a pas compris ce que tu lui demandes, tu ne le sauras qu'une fois qu'elle aura pondu son oeuvre. Autrement dit quand il est déjà trop tard. (Oui, parce que Marguerite ne sait pas s'organiser et pense que tu aimes travailler la nuit et le week-end pour rattraper ses conneries).
Voilà pour les présentations de Marguerite, qui vit en couple avec un Ivan Bogdanoff (ou un truc comme ça), ramène des chocolats tchétchènes goût nuage nucléaire quand elle revient de vacances, et me répond sur un ton qui n'admet pas la contestation:
"Non, la rapporte ne sera pas faite dans le temps car j'ai pas l'envie pour le faire".
Voilà.
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