A l'envers des nuages, il y a toujours un ciel
En musique: Michel Berger - Diego
Je viens d'achever la lecture du livre "Le sumo qui ne pouvait pas grossir", d'Eric-Emmanuel Schmitt. Je vous avais prévenu, je suis amoureuse, et comme je ne m'arrête pas à la surface des hommes, je suis partie à sa conquête au travers de ses livres.
Je ne sais pas à quoi je m'attendais. Je crois qu'au fond j'étais frileuse à l'idée de le lire. Un peu comme quand on a un coup de coeur et que l'on n'ose pas aller plus loin de peur d'être déçu, en se disant que l'on a déjà atteint le sommet et que d'en savoir plus sur l'autre ne peut que vous faire dégringoler du toit.
Et comme toujours, il faut aller jusqu'au bout sans avoir peur. C'est un vrai régal qui m'attendait au tournant des pages.
Ce roman, c'est l'histoire de Jun, un jeune japonais efflanqué et maigre qui a mis un couvercle sur son passé et sur sa famille, et vend des bricoles dans la rue. Un jour, un maître du sumo l'aborde et lui dit "Je vois un gros en toi". Jun conteste, se révolte, croit à la moquerie, se laisse convaincre d'assister à des combats de sumo, puis accepte d'être entraîné dans la pratique de cet art.
Le voyage de Jun est le voyage de chacun. En le lisant, je l'ai pris à l'envers. Cet homme maigre rêve de grossir et n'y arrive pas, tout comme dans notre société occidentale, beaucoup cherchent à maigrir sans perdre un gramme en dépit de privations grotesques. Arrive ce stade désespérant, où tu as beau appliquer à la lettre toutes les théories de diététique que tu croises, ton corps te dit non et refuse d'obéir. Parce qu'il existe plus fort que la chimie de ton physique: c'est ton esprit qui décide. Libérer son âme de ce qui l'entrave, faire la paix avec les culpabilités et douleurs que l'on trimballe au cours de sa vie, lâcher prise avec ce qui nous encombre est le meilleur moyen de rendre le corps et l'âme "cohérents" et pacifiques.
Ce livre est très beau. Il est écrit avec une grande simplicité. Le message qu'Eric-Emmanuel Schmitt nous livre n'est pas révolutionnaire, mais il a le pouvoir de remettre les choses à leur place. Il nous rappelle qu'il ne sert à rien d'ignorer ses blessures ou de les porter comme des excuses à notre malheur. Tout comme il ne sert à rien de vouloir rentrer dans le moule qu'on nous tend car tous nos efforts pour y rentrer ne nous offriront pas le bonheur. L'acceptation de soi est la plus belle des conquêtes, et aujourd'hui c'est un discours auquel je crois profondément.