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La Vie Trampoline
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25 octobre 2010

Le syndrome de la fille qui remet en cause son existence à chaque fois qu'elle prend des vacances

En musique: Benjamin Biolay - Night shop

Cela faisait longtemps. Je me demandais quand il allait revenir. Je savais bien qu'il n'était pas parti de ma vie, qu'il s'était éloigné sans jamais vraiment me quitter des yeux. On ne se refait pas. Il y a des permanences contre lesquelles on ne peut pas lutter. C'est ainsi.

Mon blues.

Quand je l'ai senti s'emparer de moi l'autre jour, c'était un peu comme une rencontre qui a l'air fortuite mais qui ne l'est pas. Comme quand quelqu'un fait semblant de tomber sur vous par hasard dans la rue, alors qu'il vous a repéré depuis longtemps. Comme quand on revoit quelqu'un qui est sorti de notre vie avec en fond de cerveau une petite voix qui vous dit "j'étais sûre qu'on se recroiserait".

Il me prend à la gorge quand il arrive. Je la sens qui se serre et les idées qui me viennent sont si noires que je suis obligée de m'arrêter. J'ai la tête qui tourne et il faut que je m'assoie. Cela peut durer quelques secondes ou plusieurs minutes. Comme si un autre prenait possession de votre corps et qu'il fallait lui laisser quelques instants pour qu'il s'y installe et que vous ne fassiez plus qu'un.

Mon blues est revenu. Il laisse encore un peu de souffle à ma sérénité si durement acquise. Mais pour combien de temps?

Est-ce que tu la connais cette angoisse-là? Celle qui se demande pourquoi tant de gens arrivent à construire, alors que toi tu ne sais que détruire ou t'installer sur des zones inondables. Celle qui se demande ce que tu as fait de mal pour être à ce point punie du bonheur, pourquoi il faut que l'on te le retire toujours après t'en avoir mis un peu sur les lèvres, pourquoi tu es à ce point vulnérable de croire encore et toujours qu'un amour fabuleux est possible. Pourquoi tu continues d'avoir de l'affection pour ceux qui ne respectent rien. Pourquoi tu n'as aucun sentiment pour celui qui est prêt à tout te donner. Pourquoi l'équilibre se rompt-il aussi vite quand tu as mis des années à essayer de l'atteindre enfin? Pourquoi les choses sont-elles aussi mal faites?

Mon blues peut me faire tourner ces questions pendant des heures sans que jamais cela ne s'arrête. Parfaitement épuisant.

Jusqu'au moment où, l'ipod dans les oreilles pour faire disparaître la voix de l'inquiétude, tu te surprends à te dire:

"Cette musique-là serait parfaite pour mon enterrement".

Remonter à la surface de toute urgence pour reprendre son souffle. Et cesser d'imaginer la suite.

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Commentaires
E
Lili > ça tombe bien j'hésite à me payer les bottes roses Décathlon à 12 euros!! :)) <br /> Steph > je suis d'accord avec ce que tu dis... la peur de mal faire qui te prend même sur des choses élémentaires... des choix qui paraissent évident quand tout le monde est vivant et qui deviennent insurmontables quand quelqu'un part... olala, que ça me parle... En tout cas j'ai ma playlist qui est prête pour le jour J, je vous préviens...
S
Phil : Pour avoir vécu plusieurs deuils ces dernières années et entendu trop souvent les proches se dire : « tu crois qu’il aimerait ça ? », je trouve que le plus beau des derniers cadeaux qu’un disparu (je n’aime pas ce mot) peut faire c’est de dire (ou mettre sur papier) ce qu’il voulait pour son départ.<br /> On peut se dire que si les proches se posent ce genre de question c’est parce qu’ils ne connaissent pas bien celui qui est parti, au contraire.<br /> On est souvent tellement désemparé face au deuil, on veut que tout soit parfait pour la mémoire de l’autre, que les questions défilent et on se retrouve avec la peur de ne pas connaître les réponses (alors qu’elles sont en nous) ou mal faire les choses.<br /> Je ne sais pas si j’ai été très claire… comme souvent quand un sujet me tiens à cœur, j’ai du mal à exprimer mes idées. :p<br /> Manue > On peut penser aux chansons de notre départ (ça m’est déjà arrivé, je peux même te donner la liste :p ), on a ce droit, mais je peux comprendre que quand on y pense parce que c’est le gros blues qui nous y invitent, c’est pas le joie.<br /> Tu vas voir la raclée qu’il va prendre celui-là !!
L
je crois bien qu'il est partout, qu'il passe partout...moi je l'ai apprivoisé car il me permet de savoir, de temps en temps, si j'ai pris la bonne route...pour les zones inondables je te conseille de bonnes bottes en caoutchouc, on s'en sort à peu près sans dégât...le hic c'est que Minelli fait pas encore ! ;-)<br /> <br /> ♥♥♥
E
Chriss > je prends le hug! :) merci!<br /> Steph > j'ai trop hâte de te voir, je suis certaine de ne pas le voir, lui, pendant ce temps!! :) <br /> Phil > oui de drôles d'idées... c'est ça! :)) J'te prête mon sac, j'en ai un tout neuf, rouge trop beau.
P
C'est marrant, j'avais commencé à écrire un texte hier, qui disait ça : "Passer une vie en vain ? Non, bien sûr. Quelques sourires, des amours filiales et des amitiés fidèles…<br /> Mais parfois l’envie de poser le sac, tiens, comme un blog que j’ai beaucoup aimé il y a quelques temps. Poser le sac, charger la bagnole, et partir sur la route…"<br /> C'est pas grave, je le fréquente depuis un bail, on s'est apprivoisé tous les deux, et maintenant, quand il réapparait comme en ce moment, c'est comme revoir un vieil ami un peu perdu de vue qu'on chérit beaucoup.<br /> Jamais au grand jamais je ne pense que telle musique pourrait être parfaite pour mon enterrement. Même la suggérer à mes enfants, c'est pour moi leur voler leur deuil avec cette pénitence. Je sais très bien que ce qu'ils choisiront et la manière dont ils m'accompagneront sera le meilleur hommage que je puisse souhaiter...<br /> Tu as de drôles d'idées, toi :D
La Vie Trampoline
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