Quand le ras-le-bol du monde transpire à grosses gouttes

En musique: Daphné - Portrait d'un vertige

Je vis au bord d'un précipice. C'est Daphné qui le dit. 
Moi aussi.

Le précipice des gens. Dans lequel je tombe à chaque fois. Ahurie par mon impossibilité à les supporter davantage.
Oui, je crois que je deviens allergique.

A la mairie. Enfin décidée à m'inscrire sur les listes électorales. Je m'en voudrais de ne pas pouvoir apporter ma voix (même si elle est éteinte aujourd'hui) aux enjeux de demain.
Sur le site internet j'ai lu: carte d'identité et justificatif de domicile.
Depuis que je m'en préoccupe, une facture est un justificatif de domicile.
A la mairie, la fille me regarde d'un air contrarié: "une facture de téléphone portable, ça ne compte pas, ce n'est pas une vraie facture".
Silence. Je lui réponds du bout des lèvres que si ce n'est pas une facture, alors je vais arrêter de payer, hein.
Désolée, une circulaire d'Alliot-Marie. Je ne peux pas vous inscrire, il faut revenir.

Je fonds en larmes.
Elle est désemparée. On ne pleure pas pour ça. Bin, si.

De retour chez moi, j'appelle la MACIF qui empêche ma mutuelle employeur de me rembourser mes frais de santé. En novembre dernier, ils ont refusé de mettre fin à mon contrat de mutuelle. Recommencez en octobre 2011, à échéance de votre annuité. Sauf que la MACIF ne me rembourse rien. Ni mon employeur. Je suis à mes frais depuis un an. Je m'énerve, et la MACIF de me répondre: "Si votre mutuelle employeur est obligatoire c'est différent, nous pouvons annuler la notre. Mais pour cela il nous faut un justificatif de votre entreprise". D'ici là, huit mois de cotisations pour rien, des remboursements qui ne sont rétroactifs que sur les frais des trois derniers mois, et avec le délai d'annulation, rien ne sera réglé avant le 1er aout... au mieux.

Je fonds en larmes. Et je raccroche. 

Au supermarché, quelques courses à faire. Rayon fruits et légumes. Je pose mon caddie dans un coin pour ne pas déranger. Je viens me servir puis retourne au caddie. Le temps de voir une femme se servir directement dans mes courses et dire à son mec: "ah oui tiens j'avais oublié qu'il me fallait du beurre". 

Stupéfaction. 

Il me faut de l'air. 
De l'air et du silence.
Je ne suis pas prête à les revoir.
Après-demain.
La cocotte est encore fumante.  

Comments

[Emma]

Phil > retour à la pression demain, ça va être gai! :)

Chriss > pour moi une facture est une facture, s'il y a ton adresse dessus, c'est une preuve de ton domicile. Mais il faut croire que non...
Quant à la voleuse de beurre, tu te doutes qu'elle s'est tirée sans demander son reste. Ce qui m'a énervé c'est que le rayon beurre était juste à côté... mais bon...

bisous à vous 2 :)

[Chriss]

Pour la facture je savais aussi car longtemps en logement de fonction je n'avais ni facture d'eau ni facture d'électricité à mon nom puisque je reversais à mon hébergeur. Donc je n'avais que le téléphone fixe pour prouver que j'habitais bien là. Par définition, un mobile, il prouve pas où tu habites ! et pour moi c'était la bibliothèque du quartier qui voulait DEUX factures pour t'enregistrer ! C'était Kafka !
Faut prendre sa respiration et surtout garder son calme...
Pour la mutuelle j'ai pas tout compris sauf que c'est bien le bordel quoi ! courage ! ca va passer, si, si !
Pour la voleuse de beurre, je crois que je me serais quand même bien énervée. Tu lui as mis en douce des trucs bien chers dans son caddy pour te venger ?
Allez, c'est tout bientôt les vacances...
Bisous bisous

[Philémon]

Ah ben ça c'est du trampoline, ma chérie :D
Pour la facture, je savais. Faut que la prestation rattachée à la facture soit fixe (téléphone avec fil, gaz, eau...).
Pour le reste, faut accepter quand tu passe tant de jours dans un cocon que le vulgus pecus te le fasse payer d'une manière ou d'une autre :o)
Pour le beurre dans ton caddie, ça j'avoue que j'en reste sur le cul ! C'était du beurre salé, j'espère, histoire de lui faire les pieds, à c'te flemmarde !
Bon, tu laisses retomber la pression jusqu'à tes vacances ?