De nos regards qui ne se quittent jamais
En musique: Girl on Fire - A. Keys
Ce soir, j'ai épuisé un site web.
Traverserledeuil.com
Je sais, rien que le nom ne présage rien de gai. D'ailleurs ça ne l'est pas. Et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en écoutant les vidéos sur la culpabilité et la colère. J'ai pleuré à m'en faire mal aux côtes.
Cela fait des mois, pour ne pas dire des années, que je cherche à mettre des mots sur ce que je traverse. Sur ce sentiment plus fort que moi de vouloir à tout prix fuire la réalité, de ne pas arriver à faire face à l'absence de mon père et de ma grand-mère. Des mois, des années, à ne pas me sentir normale face au temps que tout cela prend. Face au temps des autres qui a l'air d'aller plus vite.
Alors comment te dire? Comment te dire à quel point je me suis sentie pelée comme une orange, lorsque la femme qui présente (et qui pourrait servir de voix off aux reportages de minuit sur la reproduction des libellules) a dit:
"C'est comme si vous sentiez qu'un tsunami de douleur se profilait à l'horizon et que vous espériez pouvoir courir suffisamment vite pour ne pas être submergé"
C'est ça.
C'est exactement ça.
Je mesure à quel point je suis loin. Ou peu avancée.
Mais savoir que l'on est déjà quelque part est un pas énorme.
Alors peu importe si je parle aux deux oiseaux postés sur l'arbre face à ma fenêtre tous les matins...
Peu importe si je sens parfois leur présence à mes côtés, tous les deux toujours ensemble, et peu importe que cette image de mes deux absents réunis et réconciliés soit aussi improbable que l'existence de Dieu...
Peu importe si je suis allée sur le forum, à la page où quelqu'un explique que nos absents nous envoient des signes de leur présence à condition d'être à l'écoute... Et peu importe si ce quelqu'un avait le surnom que je donnais à ma grand-mère.
Peu importe si je crois parfois devenir folle.
Mes absents ne sont jamais partis.