Elle a posé des galets pour que je ne perde pas ma route
En musique: P. Nutini - Candy
L'autre jour, j'ai consulté une coach. Pour m'aider à avancer dans mon projet professionnel, parce qu'il faut dire la vérité: je bloque. Cette femme a également des activités de psychanalyste. Au début, je trouvais le mélange curieux. Et puis finalement, après la séance que j'ai passée, je comprends mieux.
En une heure et demie, on en dit des choses. J'ai déballé ma valise. Et Dieu sait qu'elle était pleine. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a neuf ans, lorsque je la vidais pour la première fois sur un divan, cela n'était qu'un tas de linge sale et en boule sans accord de couleurs. Cette fois, j'ai eu le sentiment que ma valise pleine était un peu plus harmonieuse et organisée malgré l'impression qu'un gros caillou continuait de peser lourd dans ce bagage.
En fin de séance, cette femme qui ne me connaît ni d'Eve ni d'Adam, me dit très calmement: "Rien d'étonnant à ce que vous fassiez un blocage, vous êtes cernée par la mort et le deuil. Cette transition professionnelle vous pose une question simple: qui va mourir cette fois?". Je suis sidérée parce qu'elle me frappe en plein coeur et ce que j'avais deviné me saute à la gueule comme une bombe.
Elle finit par me proposer de faire mon génogramme, autrement dit mon arbre généalogique sur 3 ou 4 générations, en analysant les métiers des uns et des autres, et la manière dont ils sont morts. Une boîte de Pandore familiale qui, je le sais, me réserve à tous les coups de sacrées révélations. Dans la famille, nous sommes les rois du secret, des morts bizarres, des maladies longues et douloureuses, et des rapports humains compliqués.
Impossible de faire ce travail sans en parler à ma mère. Et la voilà qui se prend au jeu au-delà de mes espérances, remue ciel, terre et poussière pour y trouver des réponses. Comme si ma démarche devenait sa quête à elle.
Jusqu'à ce matin où elle m'appelle un peu tremblante. Elle est en Bretagne, chez ma grand-mère, et vient de faire un tri historique dans les papiers qui trainent.
Elle me dit qu'elle a trouvé un petit mot plié en huit dans un vieux carnet.
Un petit mot écrit par ma grand-mère pour moi. Planqué, destiné à illuminer un jour de fouille. Un petit mot simple où elle me dit qu'elle m'aime.
Ma grand-mère m'accompagne chaque jour, mais cette trouvaille m'a émue aux larmes. J'y ai vu un signe d'ailleurs. Un galet sur ma route.
Et j'avance.