Mon cœur est fait de pierres qui ont l’odeur de mon enfance
En musique: Renaud - Mistral Gagnant
Inondation d’émotions cette dernière semaine. Quand tu crois ton cœur sec alors qu’il déborde.
Entrer dans cette maison qui n’attendait que toi, sentir cette odeur si particulière, celle de ton enfance qui est restée et ne partira jamais, entendre résonner tes éclats de rire quand tu faisais des blagues, revoir ta grand-mère la cuillère pleine de chocolat rire autant que toi. Du temps où les choses n’allaient pas trop mal. L’enfance encore, quand tu te surprends à monter les marches en sautant. Comme quand tu étais petite et que tu sentais l’océan. Respirer fort dans l’édredon. Crier de joie. Et pleurer.
Le réconfort. Quand tu fais le tour du jardin en te disant que cet endroit est magique. Des larmes d’un coup. Parce que tu aimerais bien le partager avec quelqu’un qui ressentirait le même attachement viscéral que toi pour cette terre granuleuse.
Ne plus jamais repartir, rester ici toujours. L’amour aux tripes pour tout ce que cette maison représente.
Tu ne peux t’empêcher de réfléchir. Encore et toujours. A tout ce qui s’est dit ces derniers jours. Au mal que ça t’a fait. Tu n’aurais jamais du parler d’adoption. C’était un sujet trop sensible. Et puis c’était trop tard, cela ne servait à rien. A quoi bon? Tu t’es pris un ramassis d’horreurs dans la tête. Si mal. Tu as mal de ça. Même pas du reste. Juste de ça.
La maison, encore. Celle qui a vu les femmes de ta famille remonter la pente. Le refuge qui les a relevées. Tu feras pareil. Tu te relèveras et tu repartiras, plus forte que jamais. En te demandant s’il est possible qu’un jour tu t’écroules pour de bon.
Tu penses à ces derniers mois. Au soleil qui est entré dans ta vie, et qui en est reparti. Une page à tourner, encore. Et combien en reste-t-il? La musique du temps qui reste.
Un matin aux aurores, voir la mer, comme un appel irrépressible. Le jour se lève à peine. Tu es seule sur cette plage de ton enfance, tout est calme, et tu le vois, ce soleil que tu pensais parti, se dresser lentement sur les bateaux au dessus de l’eau. Spectacle somptueux rien que pour tes yeux. Il t'attendait, lui. Tu sais ce que tu es venu puiser et ce n’est pas du courage.
C’est avec lui que tu veux partager cet instant, tu envoies ta pensée de l’autre côté du monde, et tu t’en vas.