Je vous préviens, ça n'est pas drôle. Mais alors pas du tout.
En musique: Pergolese - Stabat Mater
Mon coeur se serre. Encore. Avec ce même mouvement de la gorge au ventre. Encore. Les larmes. Si proches. Si présentes. Si humides. Encore.
Le rendez-vous implacable. Et mon coeur poignardé comme avant. Comme ce jour. Lorsque j'ai su. Et que la terre sur moi s'est écroulée, faisant fi de ma vie, de mes rires et de mon orgueil.
Dans une semaine, comment le dire, comment vivre? Le temps ennemi, celui qui doit guérir. Et qui sur moi, ne fait rien. Mais où est-il alors? Je le vois passer sur moi, sur le coin de mes yeux, dans la vieillesse de mon âme parfois, sur les autres, sur ces photos, sur ces albums, sur ces lettres, sur ces papiers que je trie chaque fois un peu plus, dont je me défais en imaginant ma peine partir avec. Parce qu'il le faut. Parce que ce sont autant de chaînes qui me lient les pieds, les mains, les tripes, le coeur. Et la raison.
Et cette éternelle question. L'arbre qui cache la forêt de toutes les autres.
Papa, pourquoi?
Les larmes encore. Il suffit de si peu. Cette mer de tristesse qui déferle; comme ça, sans prévenir, où que je sois. La seule pensée de ce mot impossible d'hier ou de demain, traverse en fantôme ma tête et mon coeur.
Mes larmes ne sont plus salées, elles ont le goût de rien. Une fontaine inépuisable, une eau même pas bénite.
Ainsi soit-il. Je ne peux m'y résoudre.
Ce temps infini qui m'éloigne inéluctablement.
Papa, vraiment, dis moi seulement pourquoi. Et alors je pourrai continuer à vivre.