Voilà pourquoi j'ai acheté des Crocs
En musique: Jean-Michel Jarre - Chronologie, part 6
Tu sens ton pas lourd. Dès le matin, lorsqu'il faut se lever, tu as mal aux jambes d'avoir trop marché pendant la nuit. Dans tes rêves, tu t'en vas, tu voyages, tu marches droit devant, tu parcours tous les kilomètres qui te séparent de l'endroit fait pour toi.
Tu sens l'épuisement qui est là. Celui du travail qui ne te plaît plus. Mais qu'il faut poursuivre en attendant de trouver autre chose. Avant d'oser tes rêves.
Hier, allongée avec Monsieur A, tu as passé en revue tout ce que tu aimerais faire. Si tu n'avais plus besoin de gagner ta vie. Si tout était facile.
Tu as imaginé des projets, des choses somme toute assez simples. Des envies d'autre chose, d'un monde autour de toi un peu moins égoiste, un peu moins lucratif. Avec des associations, des regards un peu plus francs, des mots qui apaisent.
Rien de ce qui fait ton univers aujourd'hui.
Tu es fatiguée de ces gens qui s'énervent, de ceux qui négocient, qui exigent et qui parlent mal. Ceux qui ne font rien mais font semblant de faire beaucoup, ceux qui font beaucoup et qui souffrent mais que l'on n'écoute pas, ceux qui tiennent la barre sans que l'on ne s'aperçoive à quel point ils sont sur le point de tomber.
Je suis le capitaine et je n'ai jamais été aussi près de sauter du bateau. Débrouillez-vous sans moi.
Je n'aime plus cet état d'esprit, je n'aime plus ces efforts, ces compromis, ces soirées mortes pour le service de ceux qui s'en fichent.
Non, je n'aime plus, et le matin lorsque je me lève, il y a en moi un vide immense qui ne sera comblé par rien d'autre qu'une profonde amertume à faire un métier inutile.
Mon père avait raison.