La vie est un cercle, et je tourne autour
En musique: Bach - Sicilienne du concerto en ré mineur BWV 596
Retour à la vie normale, retour des insomnies, on ne peut pas tout changer.
En une nuit, j'ai remis au goût du jour mon voeu pieux de me remettre au sport (...), trouvé le sport (pilates et body combat pour "un corps neuf en 30 séances", c'est Monsieur Pilates qui l'a dit), et repensé à cette dernière semaine de vacances.
Et j'ai compris.
J'ai compris d'où me venait la boule qui me tient au coeur depuis deux jours.
J'ai repensé à cette scène, lorsque Monsieur A jouait avec ses deux enfants. Lorsque je me suis sentie en quelques secondes spectatrice d'une vie qui ne m'appartient pas. Lorsque je me suis sentie si mal à l'aise que j'ai failli en pleurer. Lorsque je me suis retenue pour ne pas devoir donner d'explications et ne pas rompre la grâce de l'instant.
Cette nuit, j'ai compris. Compris l'impression de plénitude que m'a donnée Monsieur A. Un homme complet. Voilà ce qu'il était à ce moment-là. Un homme qui a construit sa famille, un homme qui a trouvé l'amour, et qui s'apprête à vivre de grandes choses dans son travail. Un homme brisé hier qui rit aujourd'hui et qui me dit: "je suis l'homme le plus heureux du monde".
En miroir, le rebond de la balle, une sensation de vertige. Lorsque je me rends compte à quel point je suis loin de cet état de bonheur. Parce qu'en écho, j'entends ma solitude, la famille que je n'ai pas construite, dont je rêve mais que je me sens incapable de fonder, le métier qui m'épuise et ne m'épanouit plus. J'ai l'amour, un très bel amour, mais le reste me semble inaccessible.
Je me doutais que ces vacances me renverraient des émotions fortes. Je ne pensais pas à celles-là. Pas à cette angoisse envahissante de ne jamais y arriver. Et de devoir regarder en face tout le chemin qui n'est pas encore accompli. Avec la collante impression qu'il ne s'agit pas d'une question de temps mais d'une profonde incapacité à le faire.