Making love with the eyes: le sacrifice érotique d'un cappucino
En musique: Yumeiji's Theme - In the mood for love
On sait qu'une histoire d'amour est bel et bien derrière soi le jour où les bons souvenirs font à nouveau sourire. Le jour où on l'on prend du plaisir à repenser aux moments qui faisaient autrefois si mal.
C'était en juin 2000. Au Queen's Lane Coffee House. A Oxford. Un après-midi de semaine.
En descendant la rue, je le voyais de loin, et à mesure que je me rapprochais, j'avais le coeur de plus en plus serré à l'idée que cet homme là m'attendait, moi. J'aurais voulu courir vers lui et me jeter à son cou. Impossible. Juste impossible. Mais son sourire lorsqu'il m'a enfin vue valait tous les élans du monde.
Nous nous sommes assis devant nos cappucinos, et nous nous sommes regardés. Sans rien dire. Et cela a duré. Longtemps. De quoi laisser les cafés devenir froids et imbuvables. Un long moment de silence où tout est passé par les yeux. Avec une gravité pesante, sans un sourire, d'un bout à l'autre d'une table, sans la moindre proximité. Un étranger aurait pu penser que nous n'avions rien à nous dire et que nous étions fâchés, tandis qu'au travers de nos regards passaient les plus grandes déclarations. Avec par instants la nécessité de détourner le regard tant l'émotion était forte.
Je n'oublierai jamais ce moment. Un instant de grâce dans une histoire emportée par la folie. Une façon d'aimer passionnément avec la plus belle des retenues. Une forme d'élégance incroyablement sensuelle. Qui vous rend infiniment vivant et heureux d'aimer.
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