Elle se pencha vers la puce de mer coincée entre ses doigts et lui dit: "Tu ne peux pas comprendre"
En musique: Cabrel - Hors saison
Peu importe, se dit-elle. Le vent m'emportera si je mens mais aujourd'hui je veux vivre aussi intensément que possible. Peu importe si je tombe. Ma chute sera la plus belle des chutes si elle se fait du toit du monde, et je suis sur le point de toucher ce sommet du bout de mes doigts. Que Dieu me tue s'il juge que cet amour est déraisonnable et si j'ai tort d'être prête à mourir de bonheur. Ma joie m'étouffe car je voudrais la crier à chacun de mes pas, j'aimerais mettre des mots sur ce visage qui m'éclaire et les dire à tous, des mots extraordinaires sur ce sourire qui me comble de force.
Peu importe, dit-elle à la mer et ses vagues grises mélangées au ciel de Novembre. Tu peux emporter tous les coquillages de cette plage, tu n'auras pas le mien, celui qui me murmure à l'oreille que je suis une princesse et qu'il n'y a que moi au monde. Peu importe si ce ne sont que des rêves et si tout s'arrête un jour, je pourrai vieillir en paix d'avoir aimé jusqu'au bout. Que ceux qui aiment avec raison restent au port, je prends le large avec mes espoirs en bout de ligne, même si le courant les noie.
Peu importe, dit-elle en traçant un coeur dans le sable, si je suis un peu naïve et si mon amour se brise comme un miroir sur les rochers d'une falaise. Peu importe si je dois saigner des siècles pour quelques jours de vie intense, ce sont autant de fantaisies que d'autres n'oseront jamais.
Elle respire l'air marin qui arrive par rafales et ferme les yeux.
Dans sa tête, le souvenir de cet homme qui lui a dit lors leur toute première rencontre: Vous manquiez à ma vie.